Real World Studios Thomas Kahn
Identité : Thomas Kahn
Type : Actualités
Support : Tournage

Créateurs impliqués

Real World Studios Thomas Kahn

Voilà le clou de notre voyage en Angleterre avec Thomas Kahn et sa formation complète : deux jour d’enregistrements et tournages aux Real World Studio !

Real World Studio ?

C’est un des plus beau studio d’Angleterre, construit par Peter Gabriel !

💡 Peter Gabriel est cofondateur, chanteur et parolier du groupe Genesis (1967) qu’il quitte en 1975, remplacé par Phil Colins. Il entame alors une longue carrière solo couronnée de succès, pionnier de la world music. Il est également un producteur de disques, impliqué et récompensé dans différentes associations humanitaires. Peter Gabriel a vendu plus de 40 millions d’albums durant sa carrière solo.
> Wikipédia

On est donc pas chez n’importe qui :p. Les studios sont aussi fous que sa carrière, et ont accueillis des artistes comme Kanye West, Jay-Z, Beyoncé, Muse, Sade, New Order, Tom Jones, Kylie Minogue, Vanessa Carlton, pour ne citer qu’eux. Expérience un brin impressionnante que d’arpenter ces locaux. Real World abrite en fait plusieurs structures, dont le Label Real World. On croise pas mal de gens plus intéressants les uns que les autre !

Coté studios, il y en a plusieurs également :

  • « The Wood Room » : un studio modulaire à agencement flexible d’environ 15x10m. Un style très industriel volontairement conservé et mis en valeur. Il permet d’enregistrer différents instruments dans une acoustique chaude et riche qui fait l’identité de cette salle. Pour les téchos, équipement de mise : 24-canaux Solid State Logic AWS 924 et 16 pré-amp Neve 33114
  • “The Red Room” : un studio de mixage de musique spaciale, certifié Dolby Atmos. Monitoring ATC, contrôlés par un Grace Design M908.
  • The Rehearsal Room” : un studio 15m x 5m insonorisé et acoustiquement assez sec, destinée aux répétitions et la pré-production de tournée. Coté équipement, des wedges, une diff Turbosound avec des amplis Yamaha, et une table de mixage Mackie 32-8.
  • “The Big Room” : le studio de 14x14m dans lequel nous allons passer deux jours ! Ce studio est assez atypique dans sa construction. Equipé d’une superbe console SSL XL 9080 K Series 72 voies en plein milieu de la pièce, de différents systemes de retours, dont des Exigy MHS2/S215B, et un backline a faire palir Peter Gabriel… ou pas.

Tout d’abord, ce studio étonne avec 180° de grandes baies vitrées, qui donnent sur l’étendue d’eau sur lequel il est construit. Real Word est manifestement un ancien moulin, construit sur le cours d’une rivière. Je vous laisse imaginer les problématiques acoustiques qui découlent d’une telle implémentation. Son fonctionnement est aussi atypique, puis ce qu’ici, on enregistre sans séparation entre ingés son et musiciens. Tout le monde est en contact direct, dans la même pièce. Ce n’est pas sans contraintes techniques, mais c’est notamment ce que l’on cherchais pour tourner ces sessions live, de musique Soul.

Pour les contraintes techniques, on était pas trop inquiets : c’est Laurent Dupuy qui nous accompagne sur ces deux jours de studio. Laurent, en plus d’être un humain formidable, et aussi un ingé son de renom, connu et reconnu, notamment, par deux Grammy Awards… o.O. J’ai pu faire une chouette interview de lui dans les studio, où il nous explique un peu le fonctionnement d’un tel studio. Les choix techniques de placements, des micros, de la chaine de traitement du son, et d’un peu de son expérience.

Pour ma part, en plus de la partie reportage, je suis là pour filmer les sessions live. Pas mal de contraintes à prendre en compte. En plus, bien sûr, du budget pour amener 9 personnes pendant une semaine en Angleterre !

La lumière

Grâce aux baies vitrées, on profite de beaucoup de lumière dans la Big Room. Mais en contre partie, la lumière extérieure peut-être très changeante : on est quand même en Angleterre !

Autre contrainte : je vais filmer des plans séquence sur 360°, et je ne pourrais pas accrocher de lumières au plafond. Impossible de gérer les ombres crées par mon passage devant les projecteurs. Compliqué de ne pas les avoir dans le champs. Et pour finir, je suis aussi limité par le transport : nous sommes déjà 9, avec un backline complet, dans le tour bus du label !

Les lights ne serons donc là que pour déboucher quelques ombres, et compenser les trop fortes différences de luminosité. Pour rester léger en transport et en installation, j’ai embarqué mes deux bandeaux led RGBW ColorSpike, mon kit de 3 panneaux led Amaran, et une torche Nanlite 60w. L’idée et d’utiliser au maximum la lumière naturelle du studio pour conserver son ambiance.

Heureusement, la météo a été de mon coté : un temps couvert avec une lumière douce et diffuse, filtrée au travers des baies vitrées (manifestement/logiquement traitées anti UV o/).

Le niveau lumineux ambiant du studio est assez faible. Pas trop le choix donc : je devrait me fier à la sensibilité ISO de mon boitier, et ses profils d’image !

Camera

Contractuellement, je suis contraint à l’utilisation d’une seul caméra. A vrai dire, c’est surtout une question de budget, chaque camera supplémentaire étant facturée. D’après le cahier des charges du label et de Thomas, les images doivent être aussi organiques que la musique qu’elles servent. Comme références, nous avons en tête les lives studio de Alabama Shekes et de Black Puma. De vraies lives studio, en une seule prise, mettant en valeur le chant et qualité de la prestation musicale dans sa globalité.

La qualité de l’enregistrement et la musique sont donc prioritaires ! Ne serais-ce que pour une question de concentration et de fatigue des musiciens. Ils se doivent, eux aussi, de rechercher le plus de justesse possible, à chaque prise. Pour moi, en tant que cadreur, chaque plans séquence doit pouvoir être utilisé, aux risques de louper “THE TAKE”.

Tout ça conditionne, en plus du budget, le choix de mon matériel. Heureusement, j’ai pas mal.l’habitude de travailler avec ce genre de contraintes. Mon kit vidéo est composé pour y répondre, et mon regard également.

Je part donc avec mon bon vieux boitier principal, un Sony A7III et un 24-70mm f/4 – Oui je sait, mais mon porte feuille n’était pas d’accord avec le f/2.8. C’est un boitier bon en basse lumière, en auto-focus, et pas trop mauvais en dynamique. Pas de 4:2:2 10 bits, mais de la 4k 8 bits 100mbits en h264, HLG et slog. Je rêve de meilleurs codecs, mais ils sont généralement trop impactants sur les budgets. Finalement, ce boitier est très bien pour ce projet, pour trimballer une semaine, dans toutes sorte de conditions, en run and gun. Je ne vous cache pas qu’une FX3 ou FX6 me font de l’oeil. Un jour peu-être ! Ca sera l’objet d’un article dédié :).

Dernière chose : le riging de ma caméra. Ce que j’appel le Riging, c’est tout l’équipement que l’on ajoute autour d’une caméra pour répondre aux conditions de tournage. Tout d’abord, la partie “supports”.

Le plan séquence et mon kit de tournage me laissent trois solutions : main levée, stabilisé au Ronin S, ou en caméra épaule (je ne parle même pas des plans sur trépied, trop statiques). Même si cela reste possible avec un A7III, filmer des plans séquence de plus de 4 min en mouvement, à main levé, ça sera non. Le Ronin – un stabilisateur motorisé – ça marcherai pas mal. Je le gère très bien depuis de nombreuses années, ça permet beaucoup de liberté de mouvement, beaucoup de stabilité. Mais ce n’est pas non plus ce que l’on cherche : on perdrais le coté organique. Reste donc la solution du caméra épaule ! J’ai également pas mal pratiqué, c’est assez pratique au tournage. Beaucoup de contrôle sur les mouvements, sur le cadrage, le zoom, qui donne un coté plus broadcast, et la mise au point.

Je fait le choix de rester léger sur le rest du “rig” :

  • La cage sur mon A7II, avec poignée et protection/deport du HDMI
  • Un petit RODE Video Micro, compact, hypercadïode, passe partout et correct niveau son. Je l’ai utilisé sur à peut près tous les vlog : ça marche pas mal 🙂
  • Un écran déporté, un FeelWold sur batterie Sony NP-F. Léger, pas ouf, mais très bien pour cadrer et checker les rushs en y voyant un peu plus clair
  • Un filtre ND variable, qui me servira plutôt en extérieure. Il réduit la quantité de lumière qui rentre dans mon appareil, et me permet de mieux gérer la profondeur de champ dans des conditions de luminosité élevée.

That’s it ! Je n’ajoute pas de kit batteries externe, celles de l’A7III tenant largement le coup. Pas d’enregistrement externe, trop couteux en stockage pour ce projet.

Le tournage

Une fois tout ça en main, il ne reste qu’a tourner ! Premier jour, arrivée, installation, balances. Nous avons quand même fait 17 prises de deux morceaux. Principalement pour prendre nos marques, tant les musiciens, que moi et le chanteur. Laurent et toute l’équipe passent la plus grosse partie de la journée à installer et tester des micros, du matériel, pour avoir un setup qui honore ce studio et la musique de Thomas Kahn.

Je prend également le temps d’ajuster les placements, d’ajouter un peu de lumière là où c’est le plus nécessaire. Et surtout, je prend en main – et en jambes – le lieux, ses reliefs, les angles exploitables, les lumières, les distances… Je vais passer le plus clair de mon temps à déambuler partout, dans toutes les directions, sans regarder autour de moi. Tout en restant assez stable, en ajoutant du mouvement et en faisans attention au cadre. J’adore cet état de concentration, guidé uniquement grâce à la proprioception. Moi qui ne suis pas un grand danseur, je me surprend souvent à concevoir des sortes de chorégraphies, en osmose avec la musique et mon corp :p. On rigole bien !

Tout se passe donc le deuxième jour : 12h de tournage, 8 morceaux de rentrés en environ 76 prises ! Journée intense pour tout le monde, mais on repart sans regrets, en ayant exploité au mieux chaque minute passée dans ce studio de fous !